LA BOLIVIE : L' AMAZONIE
Me voila donc dans la grande Amazonie ! Je passe en quelques heures des glaciers de la cordillière royale a Coroico, ville située a la limite Ande - Amazonie, ou commence la chaleur tropicale. La route pour y arriver est bitumée. Je souhaite poursuivre a présent vers Trinidad, ville de 100 000 habitants au coeur de l' Amazonie Bolivienne.
ON ( OFF ) THE ROAD
Et pour y arriver, je vais endurer l' un des pires trajets en bus de mon voyage avec les 12 premieres heures vers Trinidad. La route n' est plus qu' une piste en terre en partie en construction. Lors de ce trip de nuit, le bus doit escalader les talus pour laisser passer les camions de face, a plusieurs reprises, on a l' impression que le bus va se renverser sur le côté, et je n' exagère pas ! Des différences de dénivellés sur la piste font sauter les passagers des sièges, et , au cours de la nuit,il semble que plusieurs fois le bus sort de la route.
regards fatigués après plus de 15 heures de voyage sur pistes en terre...
En Amazonie en octobre, c' est le début de la saison des pluies: a 3 h 00 du matin, notre bus patine sur une portion de piste rendue boueuse par les dernières pluies: 45 minutes de marche avant- marche arrière dans la nuit et des pelles de sorties pour dégager les roues: ça bouge et ça penche dangeureusement dans tout les sens mais on s' en sort ! Arrivé a San Borja, je monte dans un autre bus pour 8 heures de plus sur une piste en terre toute droite qui file a travers la forêt et la Pampa.
Dans quelques jours ou quelques semaines selon l' intensité des pluies, cette route sera fermée et le seul moyen de rallier Trinidad sera par voie aérienne ou par bateau a partir de quelques ports perdus en Amazonie !
Chargement de bateaux au port de Puerto Almacen
TRINIDAD
Ville de 100 000 habitants, au coeur de l' Amazonie Bolivienne, Trinidad n' attire pas les touristes vu son accès dificille. Ici c' est une toute autre Bolivie, on dirait presque un autre pays, par comparaison avec les Andes. Chaleur étouffante d'abord ( 35 degres ), et des passages de pluies comme des douches ! Ici, l' activité favorite de la population consiste a tourner en rond en moto autour de la ' plaza ' principale et dans les rues alentours, sans sembler aller nulle part ! Si les gens sont plus réservés qu' au Pérou, ils n' en restent pas moins très gentils et agréablement tranquilles.
Coup de vent dans les rues poussiéreuses de Trinidad...
L' AMAZONIE, CA SE MERITE !
Il me reste donc a experimenter cette fameuse forêt Amazonienne. Et pour cela, je fuis une fois de plus les sentiers touristiques classiques ( sinon ce n' est plus du ' voyage ' ). Je loue une moto a Trinidad et je file vers un petit port situé sur la rivière Ibaré , a 12 km de Trinidad. Et encore cette pauvreté que l' on retrouve partout en Bolivie: maison aux allures de cabanes en bois dénuées de toute intimité, omniprésence des marécages alentours et donc de moustiques... Je me renseigne auprès des habitants du village pour savoir si quelqu' un possède une embarcation et s' il serait prêt a m' emmener visiter la jungle. Coup de bol ( ou de réussite ! ), Lucio, surnommé ' Papi ' , travaille en ' freelance' pour des agences de voyages comme guide durant la saison touristique. Je négocie pour 3 jours de navigation dans la jungle sur le rio Ibaré, pour un prix moitié moins cher qu' avec les agences et sans touristes: Qué bonito !
Premiere étape: chargement de la barque a moteur : ça va être roots ! Essence, eau, nourriture, tente: de quoi être autonome dans un milieu inhospitalier pour 3 jours. ( cool le t- shirt, non ? fais sur mesure a La Paz ! )
Nul besoin de naviguer longtemps pour se retrouver en pleine nature: quelques kilomètres de rivière a contre courant suffisent...
Néanmoins après une heure de navigation les difficultés commencent: des centaines de mètres carrés de végétation aquatique barrent la progression sur la rivière. Avec le début de la saison des pluies, cette végétation type nénuphars descends la rivière par plaques entières: il faut ramer sec pour s' en sortir !
Au fur et a mesure de notre progression, la nature et la végétation prends toute son ampleur et semble nous avaler. Au long des 6 heures de navigation jusqu' a notre campement, on observe dauphins d' eau douce, crocodiles, singes dans les cimes des arbres, cochons sauvages venus s' abreuver en bords de fleuve, et des dizaines d' espèces d' oiseaux dont des perroquets, et toutes sortes de cris d' animaux venus du fond de la forêt.
Notre campement pour deux nuits se limite a un vieux ranch abandonné accessible uniquement par la rivière. Mais la pression des moustiques est insupportable ! En revanche, le spectable de centaines de lucioles clignotants dans la nuit et les bruits de la forêt font largement oublier ces fichus mosquitos !
Le lendemain, petite marche dans la selva, et observation de 3 espèces de singes, oiseaux et un iguane qui frôle mes pieds: une fois de plus, l' omniprésence des cris d' animaux et une flore dense nous font rendre compte de la petitesse de notre présence humaine en ces lieux... Quand aux moustiques, ils sont une fois de plus un cauchemar qui rendent a eux seuls ce lieu inhospitalier et inhabitable ! Pour diminuer le nombre de piqures, je porte un foulard sur le visage des yeux aux oreilles, des lunettes de soleil, et un coupe vent par 35 degres !
Le 3 eme jour, il est temps de quitter les lieux et rejoindre ' la civilisation '. Bien sûr, nous n' aurons rencontré personne durant ce séjour en forêt. Mais le plus drôle reste a venir: car Lucio, sur cette photo, a beau tout tenter, rien a faire: le moteur ne démarrera pas ! J' ai beau aider et appliquer a la lettre mes maigres connaissances concernant ce type de moteur ( qui ressemble a celui d' une tronçonneuse ! ) : bougie, huile, nettoyage du réservoir: rien n' y fait: nous voila bloqué a 6 heures de notre port d' attache en pleine Amazonie avec un moteur en rade: tant mieux, j' adore l' aventure !
Pas la peine d' appeler Avi assistance ou espérer l' aide d' une tierce personne ici: il ne reste plus qu' a ramer. D' accord, mais le problème c' est que Lucio ( qui garde toujours le sourire, je l' adore ! ), n' a amené qu' une seule pagaie ! Mais fort de mon expériende d' Etudes Et chantiers, je bricole une pagaie avec une poele attachée a un bout de bois et c' est partit ! Lucio, confiant de notre rythme de départ, me lance que nous serons arrivés dans 6 heures ( seulement 6 heures a ramer, chouette ! ). En réalité, partit a 11 h 00 du matin, nous n' arriverons que le soir même a 23 h 00 !
De nouvelles plaques de végétation apparaissent: par 5 fois il faut ramer dur pour traverser cette végétation qui nous encercle. Il fait plus de 35 degrès au soleil et le ciel est dégagé: je cuis et nos réserves d' eau nous lâchent a 18 H 00, moment du crépuscule ou les moustiques attaquent encore plus qu' a l' accoutumée ! Lucio, quant a lui, remplis sa bouteille dans le fleuve et en bois l' eau ! Nous ramons plus de 3 heures dans la nuit, en ouvrant le trajet a la lampe torche pour éviter les plaques sporadiques de végétation aquatique. Nous arrivons complètement épuisés, et je me rends compte que je viens de ramer 12 heures sans presque aucune pose avec une poele en pleine Amazonie ! Mais je n' échangerai ce moment pour aucun autre, car pagayer en pleine nuit sur un fleuve Amazonien restera gravé pour longtemps dans ma mémoire !
Il est trop tard pour retourner a Trinidad, Lucio offre de passer la nuit dans la ' casa ' familiale, par terre, sur les planches, avec une moustiquaire en guise de couverture: je dormirai comme un ange...
ON THE ROAD...